La session plénière du Conseil départemental de Seine-Maritime, le 22 juin 2015, a constitué un moment de vérité pour la nouvelle majorité de droite, qui devait présenter son premier acte politique, sous la forme du budget supplémentaire 2015. Au nom du groupe d’élus PS et apparentés au Conseil Départemental de Seine-Maritime, Nicolas Rouly, Président du groupe a ainsi, déclaré « en Seine-Maritime, la droite adopte la stratégie du coucou » !
Les rapports communiqués aux élus ont montré que, dépourvue de projet pour la Seine-Maritime, la droite se comportait au Département comme un « coucou » : elle s’attribue le résultat de la gestion précédente; elle s’approprie les politiques de la majorité précédente; elle revendique les initiatives de ses partenaires; elle ne prévoit aucun investissement nouveau mais ne met pas non plus en œuvre ceux déjà décidés, notamment dans le 276.
La « droite coucou » s’attribue le résultat de la gestion précédente.
Le compte administratif retrace la gestion du Département en 2014. Il prouve que la majorité précédente a su donner la priorité aux solidarités (+22 M€) et à l’investissement (+ 8 % avec 191 M€ = 3ème investisseur public normand), tout en assumant un sérieux budgétaire (économies constructives, recettes non fiscales). En 2014, notre Département a même été le seul de sa taille à réduire sa dette (-10 millions d’euros) et l’excédent de fonctionnement cumulé a atteint 208 millions d’euros, libérant une capacité d’autofinancement de 184 millions d’euros, soit le double de l’année 2013.
Grâce à cela, la capacité de désendettement de la collectivité se situe désormais à 6,7 ans, sous la moyenne nationale. La droite cherche à porter ces résultats à son crédit, en prétendant que le budget supplémentaire qu’elle a bâti redonnera des marges de manœuvre au Département.
En réalité, c’est l’excédent financier généré par la bonne mise en œuvre du budget 2014 par la Gauche qui offre des possibilités d’action. Le budget supplémentaire 2015 traduit seulement l’utilisation qu’elle veut en faire. Profiter du travail des autres, c’est bien le propre du coucou.
La « droite coucou » s’approprie les politiques de la majorité précédente.
Sur 32 délibérations soumises aux élus, 4 seulement sont à l’initiative de la nouvelle majorité ! D’autres résultent d’obligations réglementaires, mais la plupart est directement issue du travail de la majorité précédente: projets sociaux de territoires, culture et handicap, lutte contre les violences faites aux femmes, politique de la ville, partenariat avec les missions locales, schéma des services aux familles…
Le groupe des élus PS et apparentés ne peut que voter ces délibérations mais il proteste contre la tentative de la droite seinomarine de s’en arroger le mérite, comme pour masquer son absence de projet propre, que nous avions déjà pointée avant les élections. Le budget supplémentaire 2015 est lui aussi marqué par ce subterfuge, puisqu’il se limite à des ajustements techniques et au financement des politiques existantes, sans ouvrir de nouvelles perspectives.
Cette approche réductrice ne peut suffire, alors que les idées existent et les moyens aussi, pour assurer la place de la Seine-Maritime dans la Normandie. Cette stratégie passive est bien celle du coucou.
La « droite coucou » revendique les initiatives de ses partenaires.
Pour que l’investissement des collectivités profite aux entreprises locales et à l’emploi, le gouvernement et les professionnels du BTP ont élaboré une charte d’engagement pour la commande publique. Cette charte a été complétée sur le terrain par un référentiel commun à la Région, le Département, la Métropole et la ville de Rouen, définissant des bonnes pratiques. En cette matière comme en toutes, il est heureux que les efforts convergent.
Mais cela n’autorise pas la droite seinomarine à présenter comme une initiative de sa part une démarche préparée par les partenaires du Département bien avant le scrutin de mars. Surtout, alors que la Région a déjà porté à 20% le montant de l’avance payée aux entreprises pour démarrer les chantiers, la nouvelle majorité départementale envisage que le taux appliqué par notre collectivité ne dépasse pas 10%.
Le groupe des élus PS et apparentés proposera donc un alignement de ce taux sur celui de la Région. Le coucou seinomarin, c’est un grand diseux mais un petit faiseux !
La « droite coucou » attend les investissements des autres.
Le budget supplémentaire 2015 laisse à penser que la droite seinomarine est en train de passer l’année 2015 par pertes et profits.
D’une part, elle ne prévoit aucun investissement nouveau pour le Département: 36 millions d’euros sont gelés en « dépenses imprévues », alors que les besoins sont connus (collèges, routes, bacs, patrimoine…).
D’autre part, même sur les subventions aux communes, elle se contente d’afficher des enveloppes pour… 2016. Parallèlement, la contribution du Département aux contrats Etat-Région et de territoires (pays, agglomérations) reste indéterminée.
Enfin, les projets départementaux inscrits au 276 (routes, EHPAD, véhicules associatifs…) ne font l’objet d’aucun début de mise en œuvre, malgré les subventions déjà votées par la Région. Ainsi, la droite coucou attend que les autres investissent à sa place. Vu l’excédent 2014 dont elle dispose, sa passivité ne peut s’expliquer autrement que par son impréparation et son manque d’ambition. C’est inquiétant pour l’emploi, le cadre de vie et l’avenir des Seinomarins, qui risquent d’entrer dans la Normandie à reculons, alors que 2015 devait servir à préparer cette perspective.
En conclusion, même si l’action bénéfique de la gauche au Département n’est pas (encore) remise en cause, le budget supplémentaire 2015 porte (déjà) la marque de la droite : celle d’une majorité sans projet, sans vision, sans ambition pour la Seine-Maritime, qui fait perdre à notre territoire un temps précieux, au moment où se construit la Normandie.
L’audit en cours (et financé dans ce budget supplémentaire à hauteur de 90 000 € !) est un prétexte à l’inaction puisque les magistrats (indépendants) de la Chambre Régionale des Comptes ont déjà éclairé (gratuitement) les élus et le compte administratif 2014 confirme l’application anticipée de leurs recommandations.
De fait, grâce au travail mené ces dernières années et amplifié en 2014, le Département a retrouvé des marges de manœuvre.
Encore faut-il, pour manœuvrer, avoir un cap. Or, si les Seinomarins savent ce que la droite leur retire (abandon des projets 276, fermeture des maisons du Département, réduction de crédits pour Emmaüs, suppression d’un magazine sur trois…), ils ne voient pas ce qu’elle leur apporte, et pour cause.
Les élus socialistes et apparentés au Département s’opposent et s’opposeront à cet immobilisme.
source : PS76.FR